La fille de Lake Placid
EAN13
9791025206041
Éditeur
Les Pérégrines
Date de publication
Collection
LES AUDACIEUSES
Langue
français
Langue d'origine
français
Fiches UNIMARC
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La fille de Lake Placid

Les Pérégrines

Les Audacieuses

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2019, Californie : Lana Del Rey tente de convaincre Joan Baez de monter avec
elle sur scène. La reine du folk des seventies est d’abord méfiante face à
celle qu’elle prend pour un produit marketing. Mais au fil des jours, elle
découvre une jeune femme intelligente, une artiste et, au-delà, une poétesse
portant au cœur la nostalgie d’un rêve américain impossible et brisé. Alors,
elle accepte de jouer avec elle lors d’un concert (qui s’est réellement
produit), puis elle peindra son portrait (qui existe réellement). 1996, Lake
Placid : Elizabeth, 11 ans, échappe à la vigilance de ses parents pour
retrouver son ami Parker dans les bois, la nuit. Un matin, les deux enfants
tombent sur une mystérieuse femme nue, à la peau diaphane et à la bouche rouge
sang, et Parker disparaît. Entre addiction à l’alcool et découverte de son don
pour l’écriture et la musique, Elizabeth grandit hantée par cette vision. En
croisant ces deux temporalités, Marie Charrel fait surgir dans une atmosphère
souvent onirique, où s’entremêlent illusion et réalité, une Lana Del Rey
complexe et fascinante, mystérieuse mais attachante, irréductible à tous les
clichés que l’on a voulu lui accoler. Quelques mots sur Lana Del Rey : Bruce
Springsteen a dit d’elle : « Elle a créé un monde et vous invite à
l’intérieur. » Née en 1985, Elizabeth « Lizzie » Grant, de son vrai nom, a
grandi à Lake Placid dans une famille relativement aisée. À l’adolescence,
alcoolique, elle est envoyée par ses parents dans un pensionnat où elle vit
des années difficiles, à la marge – elle incarne la white trash outcast. Après
le lycée, elle étudie la philosophie à New York et commence à se produire sur
scène sous son nom. Puis elle devient Lana Del Rey. En 2011, la publication du
clip Video Games la met du jour au lendemain sous le feu des projecteurs. Dix
ans et une dizaine d’albums plus tard, elle a fait mentir ceux qui voyaient en
elle un feu de paille marketing. À 37 ans, elle a tout connu de la gloire et
en est revenue. Elle a déjà marqué profondément l’histoire de la pop et
continue de bâtir une œuvre mystérieuse, cohérente, singulière. En Marilyn
post-moderne, elle subvertit de l’intérieur la posture de la beauté damnée, en
dénonce les contradictions et la violence. Elle affiche une conscience aiguë
de la tristesse des femmes enfermées dans une féminité prison, et la dénonce.
Ses textes sont plus fins et drôles que ce qu’une lecture trop rapide pourrait
laisser supposer. Ils ont une portée politique ; ils célèbrent une Amérique
qui n’est pas celle des sixties ni celle de Trump – une fiction. Lana Del Rey
était la girl next door, triste et un peu paumée, elle est devenue une artiste
hors du commun, une Sylvia Plath 3.0 imposant son univers lynchéen. Son succès
et la façon dont on a voulu la réduire à une femme-objet auraient pu la
détruire. Lors de son ascension fulgurante, beaucoup ont voulu la résumer à
une poupée créée de toutes pièces par des producteurs aux dents longues. Une
pure marchandise, affichant une féminité ultra-stéréotypée. À première vue,
ses lèvres gonflées et son physique pulpeux, répondant à tous les supposés
codes du désir masculin, peuvent même susciter le rejet. Comme s’il était
impossible que cette jeune femme soit maîtresse de son propre destin. Or
Lizzie Grant est bien la seule et unique actrice de sa transformation. D’album
en album, elle joue avec les codes de la pop avec une finesse déroutante.
Insaisissable, fuyante, elle sculpte un personnage mystérieux, jamais
complètement là. Si tout est millimétré dans ses clips, sa présence sur scène
relève d’un autre registre. Sa timidité affleure, bouleverse, on entrevoit la
fille timide de Lake Placid et l’immense artiste. Marie Charrel est romancière
et journaliste au Monde, où elle suit la macroéconomie européenne. Elle est
notamment l’autrice de Une fois ne compte pas (Plon, 2010), L’enfant tombée
des rêves (Plon, 2014), Je suis ici pour vaincre la nuit (Fleuve, 2017), Une
nuit avec Jean Seberg (Fleuve, 2018), Les Danseurs de l’aube (L’Observatoire,
2021) et Les Mangeurs de nuit (L’Observatoire, 2023), qui a reçu plusieurs
prix, dont ceux de Ouest-France Étonnants Voyageurs, France Bleu - PAGE des
libraires et Cazes - Brasserie Lipp. Elle a également participé à plusieurs
recueils de nouvelles (L’Institut, PUG, 2018 ; On tue la une, Druide, 2019).
Aux Pérégrines, en 2021, elle a publié dans la collection « Genre ! » un essai
remarqué, Qui a peur des vieilles ?. Elle vit à Paris.
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